Interview exclusive de Richard Murawka : directeur technique chez PTC.

Richard Murawka

Richard Murawka

Bonjour Monsieur Murawka, pourriez-vous vous présenter à mes lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?

Bonjour Laurent Amar, je suis Directeur Technique chez l’éditeur de logiciels PTC, une entreprise qui emploie 6 000 collaborateurs dans le monde et opère depuis plus de 20 ans dans le domaine de la gestion du Cycle de Vie Produits (www.ptc.com). PTC a réalisé environ 1 milliard d’euros de CA en 2014. J’ai rejoint PTC il y a 15 ans, après un parcours en société de services (informatique industrielle) puis au sein d’éditeurs de logiciels (gestion documentaire, SGDT). J’ai une formation en informatique de gestion et une spécialisation en gestion de production.

Les nouvelles technologies m’ont toujours passionné et mon premier contact avec les objets connectés a eu lieu il y a 20 ans.

À cette époque, le jeune chef de projet de l’entreprise de services dans laquelle j’ai passé 6 mois travaillait sur la construction d’une raffinerie en ex-Allemagne de l’est. Dans ces années-là, un capteur de température pesait 15 kilos et il fallait dérouler 500 m de fibre optique pour le connecter au calculateur qui lui était dédié.
Heureusement la technologie et les solutions ont fortement évolué depuis.

Pourquoi un acteur comme PTC se lance sur le marché de l’Internet des Objets ?

Notre entreprise investit depuis environ 1 an sur ce nouveau marché de l’Internet des Objets ou des Objets intelligents et connectés. En effet, le marché du PLM ou gestion de Cycle de Vie Produits est arrivé à une certaine maturité, et même si l’essentiel de notre chiffre d’affaires est encore réalisé sur ce marché, nous souhaitions nous positionner sur celui des objets connectés afin de nous assurer un relais de croissance. L’idée de base est d’enrichir nos applications « cœur de métier » de gestion de cycle de vie du produit avec des informations remontées par les outils de l’Internet des Objets.

Pour rendre ceci possible, PTC a procédé cette année à deux acquisitions majeures. La première avec ThingWorx en janvier dernier, un fournisseur de plateformes permettant de créer et d’exécuter des applications pour l’Internet des objets ou Objets connectés. Grâce à ce rachat, nous pouvons désormais répondre plus rapidement aux attentes des industriels qui cherchent à se démarquer de la concurrence grâce à des produits connectés intelligents et des services associés. ThingWorx fonctionne comme une filiale indépendante, elle continue de proposer directement ses plateformes aux industriels. Dorénavant, toutes nos applications autour du cycle de vie du produit, qu’il s’agisse du PLM (produit), de l’ALM (application) ou du SLM (Service), vont être enrichies grâce aux informations remontées par les outils de l’Internet des Objets.

À terme, toutes nos offres PLM, ALM et SLM seront donc ‘‘IoT enabled’’.
Cet été, nous avons acquis Axeda, une entreprise pionnière dans le développement de solutions pour la connexion sécurisée de machines et capteurs dans le Cloud. Le logiciel d’Axeda permet aux entreprises d’établir une connectivité sécurisée puis, à distance, de surveiller, administrer et dépanner une gamme étendue de machines, dispositifs et capteurs connectés. L’innovation technologique d’Axeda, son portefeuille de clients et ses partenariats viennent ainsi directement compléter la technologie ThingWorx et accélérer la capacité de PTC à fournir des solutions de référence sur l’ensemble du système de technologie IoT (Internet des objets).

Comment et au travers de quelles offres, partenariats, etc., PTC répond aux besoins des industriels qui souhaitent prendre en compte l’Internet des Objets dans leur production ?

Nous sommes convaincus que l’IoT va transformer tous les secteurs d’activité, et notamment l’industrie. Nous disposons aujourd’hui d’une offre innovante pour que nos clients puissent être technologiquement prêts à tirer parti de l’opportunité commerciale que représente l’Internet des Objets.
Notre offre est une plate-forme complète M2M/IoT qui offre notamment :

1/ la connexion aux capteurs avec ThingWorx Edge Micro server, un gestionnaire de périphérique comprenant des fonctionnalités avancées pour assurer la connexion et la communication quel que soit le contexte (direct, cloud, carrier / mobile),
2/ le développement d’applications avec ThingWorx Mashup builder, un IDE (Composeur d’applications) simple et rapide, capable de modéliser la logique métier et de l’associer à une interface utilisateurs spécifiques pour un domaine ou un contexte défini,
3/ le stockage / la recherche dans des volumes énormes de données avec ThingWorx SQUEAL ou pouvoir recueillir, stocker, corréler, et exploiter des gros volumes de données ; que celles-ci proviennent de séries chronologiques, qu’elles soient structurées ou non structurées,
4/ l’intégration de partenaires avec le ThingWorx MarketPlace qui fournit une infrastructure ouverte aux partenaires de cet écosystème, c’est un peu comme le concept d’Apple store, ou Google play.
Enfin nous autorisons la création, l’extension, la réutilisation de solutions via une bibliothèque d’applications prêtes à l’emploi (Widgets).
Nous avons également aujourd’hui un programme de partenariat intitulé ThingWorx Ready, il s’agit de développer la communauté de partenaires garantissant à nos client l’entière compatibilité des éléments délivrés par ces partenaires (capteur, composant logiciel, système d’information) avec notre plateforme IoT.
En ce qui concerne la technologie d’Axeda, il s’agit essentiellement de collecter et d’organiser les données des capteurs et des machines du monde entier. Le logiciel d’Axeda permet aux entreprises d’établir une connectivité sécurisée puis, à distance, de surveiller, administrer et dépanner une gamme étendue de machines, dispositifs et capteurs connectés. La stratégie de sécurité d’Axeda couvre toutes les couches de la pile technologique IoT, y compris le réseau, les applications, les utilisateurs et les données. Axeda a obtenu la certification ISO 27001 :2005, confirmant la volonté de l’entreprise d’offrir des niveaux irréprochables de sécurité, de performance et de disponibilité.

Pouvons-nous considérer que l’Internet des Objets est fiable ? Un objet connecté est-il plus performant ?

On peut considérer l’IoT comme particulièrement fiable. En effet, l’Internet des Objets est basé sur l’agrégation de technologies allant du capteur à l’application multiplateformes dédiée à l’utilisateur final en passant par la connectique, le transfert d’informations, l’acquisition de données et le traitement de l’information acquise. Pour chacun de ces domaines, de multiples solutions existent fournissant, en fonction du niveau de services requis et de la fiabilité exigée, la prestation souhaitée. La fiabilité de l’ensemble de cette chaîne de valeur est relative à l’élément le plus faible la composant.

Le maillon communément identifié comme faible a longtemps été la sécurité liée à l’information transportée. Le succès de l’IoT au sein des industries de pointe (médicale, militaire, énergie) a permis de gommer ces faiblesses en intégrant et en faisant bénéficier à l’ensemble du domaine IoT de toutes les avancées technologiques en la matière (authentification, cryptage, certificat, chiffrement homomorphe).
Concernant la performance, un objet connecté est globalement plus performant que son équivalent non connecté, mais je pense que l’élément qui le caractérise est sa capacité à générer de la valeur via l’exploitation de cette connectivité plutôt que l’augmentation de sa performance globale.

Quelles seront à vos yeux les principales innovations du futur ?

Les innovations à attendre sont innombrables en fonction des domaines d’applications, mais si l’on reste sur des innovations à court terme, communes à tous les domaines, on peut identifier quelques sujets majeurs susceptibles de modifier notre relation à l’IoT.
• L’évolution des capteurs avec la poursuite de la réduction de leur encombrement, mais surtout une diminution de leur consommation électrique leur conférant à terme une autonomie énergétique permettant une intégration plus fine avec le produit impliqué (intégration dans la matière par exemple).
• En prenant en compte les prévisions de croissances de l’IoT avec un passage de 1 Billion à 1 Trillion de capteurs entre 2010 et 2035, on peut s’attendre à de nombreuses innovations dans le domaine de la gestion de la complexité. La valeur sera créée, non plus autour d’objets individuellement connectés, mais autour de l’interaction entre ces mêmes objets connectés formant ainsi de complexes réseaux d’objets. L’approche systémique autour de laquelle PTC a déjà réalisé d’importants investissements sera un élément clef supportant ces évolutions.
• L’application logicielle « à la carte » est aussi un domaine important d’innovation attendue. Fini les applications prédéfinies et monolithiques dont l’on utilise qu’un faible pourcentage des fonctionnalités. L’utilisateur aura la possibilité à partir d’une sélection de service de construire sa propre application dynamiquement, de la modifier à sa guise et de ne payer que ce qu’il consomme réellement.
• Afin de faciliter le lien entre la masse d’informations accessible via les objets connectés et l’application en main de l’utilisateur, on peut s’attendre à de nombreuses innovations basées sur l’analyse comportementale appliquée au niveau de l’individu, mais aussi au niveau des objets eux même qui deviennent de plus en plus intelligents et complexes.

Comment voyez-vous PTC dans quelques années ?

Je pense que PTC sera un acteur incontournable sur le marché des produits connectés et intelligents !

Propos recueillis par Laurent Amar

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