Les Objets connectés, le grand défi des assurances de demain

 

Stéphanne Coignard

Stéphanne Coignard

Balance, lunettes, voiture, l’assuré de demain sera connecté, pour le plus grand intérêt de son assureur, très soucieux de le voir prendre le moins de risques possibles, mais au grand dam des défenseurs de la vie privée.

Par Stéphanne Coignard, responsable éditoriale Finanzen.fr

2015 marque la grande entrée des assureurs dans l’ère du big data, c’est-à-dire de la collecte à tout va de données concernant les moindres habitudes de vie de leurs assurés. Les compagnies d’assurances sont en effet bien décidées à ne pas manquer le virage des objets connectés.

L’exemple américain

Aux Etats-Unis, les contrats « pay as you drive » sont déjà rentrés dans les mœurs : l’assuré accepte qu’un mouchard connecté soit placé dans sa voiture pour renseigner son assureur sur le nombre de kilomètres effectivement roulés. A la clé, des cotisations réduites lorsqu’on ne conduit que sur de petites distances. La version « pay how you drive », c’est-à-dire avec cette fois un mouchard qui relèverait les habitudes de conduite pour qualifier les bons et mauvais comportements sur la route, est déjà dans les tuyaux. Cette fois bien sûr, le conducteur trop nerveux serait sanctionné par une hausse de ses cotisations.

 

La France s’équipe peu à peu

En France aussi la tendance est lancée, même si elle n’en est qu’à ses balbutiements : Allianz propose un contrat « pay as you drive », ainsi qu’un détecteur de fumée connecté offert avec certains contrats d’assurance habitation. Et à l’été 2014, Axa, sous couvert de jeu marketing a équipé 1 000 assurés volontaires de bracelets connectés. Ils ont accepté pendant quatre semaines de voir leurs données collectées (distance parcourue dans une journée, qualité du sommeil et même le taux d’oxygénation du sang), et exploitées à des fins qualifiées de « prévention médicale ». Les assurés au comportement jugé vertueux, par exemple qui marchait plus de 10 000 pas par jour, ainsi que recommandé par l’OMS, ont étés récompensés par des chèques cadeaux.

 

Demain tous connectés, tous surveillés ?

Pour le moment le taux d’équipement en objets connectés reste assez faible, et les assureurs ne sont pas encore organisés pour traiter et exploiter un flux massif de données. Il n’y a pour le moment aucune contrainte pour l’assuré et les initiatives sont isolées. Mais on peut se demander à quoi ressemblerait l’assurance de demain si les compagnies choisissaient d’axer massivement leur développement autour des objets connectés : aurions-nous encore le choix de porter un bracelet connecté ou serions-nous contraints de l’accepter pour apporter la preuve de notre comportement « vertueux » au quotidien ? Comment garder le contrôle sur par exemple des données de santé qui relèvent de la sphère privée ? Dans un monde hyper-connecté, l’assureur saurait en temps réel si son assuré fait bien tout ce qu’il peut pour se maintenir en bonne santé (Fait-il assez de sport ? Est-il trop stressé ? Mange-t-il équilibré ou a-t-il pris trop de poids ces dernières semaines ?). Si son comportement est jugé négatif, l’assureur augmentera son profil-risque et donc ses cotisations. On peut enfin se demander si celui qui refuse de se « laisser connecter » sera considéré comme suspect, comme ayant « quelque chose à cacher » à sa compagnie d’assurances.

 

Objets connectés et respect de la vie privée

Une utilisation systématique des objets connectés par les assureurs poserait bien sûr la question du respect de la vie privée. En effet, là où les données collectées par des géants comme Facebook ou Google sont traitées et exploitées de façon anonymes et à une échelle de masse, les données collectées par les assureurs n’auraient de valeur que si elles sont reliées à l’identité de l’utilisateur. La limite serait mince entre exploitation des données et intrusion dans la vie intime.

Consciente des enjeux, la CNIL encourage les compagnies d’assurances à s’autoréguler et les accompagne pour les aider à se doter de règles. « Les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés à la protection de la vie privée, notait ainsi Stéphane Grégoire, chef du service des affaires économiques de la CNIL, dans une interview récente. (…) L’industriel compte sur cette politique de transparence pour avoir une meilleure image».

 

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