Bonjour Eric Seulliet, pourriez-vous vous présenter et nous présenter “La fabrique du Futur” ?
Ce qui me caractérise peut-être le mieux, c’est un profil transdisciplinaire et polymorphe. Celui-ci ressort tant de ma formation (HEC + Institut d’Urbanisme de Paris) que de mon parcours professionnel avec des expériences multiples dans le domaine du management, de la pospective, de l’innovation, du marketing, ou encore des divers types d’entreprises dans lesquelles j’ai travaillé (grands groupes, PME, startups, indépendant)…
C’est probablement ce parcours diversifié qui m’a conduit à créer il y a une dizaine d’années la Fabrique du Futur, que l’on pourrait définir comme un think tank qui promeut des nouvelles formes d’innovation : co-création, open innovation, approches design thinking et living labs (La Fabrique du Futur est labellisée living lab). Une évolution qui a abouti récemment a été de passer de “think tank” à “do tank” : c’est ainsi que la Fabrique du Futur a créé à l’automne dernier avec deux partenaires (le hub d’innovation Creative Valley et l’Ecole Epitech) le Discovery Innovation Lab (DIL). Le DIL pourrait se décrire comme un dispositif global d’accompagnement de l’innovation, permettant de passer de l’idée au marché. Le coeur de métier du DIL est de faire du prototypage rapide dans ses fablabs et de l’expérimentation avec les usagers.
Pourquoi avoir décidé d’organiser, le 8 Avril prochain, une table ronde sur l’Internet des objets ?
Une précision : plus qu’une table ronde, l’évènement du 8 avril est avant tout une réunion de co-création avec les participants puisqu’après s’être enrichi dans la matinée des apports d’experts et praticiens du secteur des objets connectés, ceux des participants qui le souhaitent pourront l’après-midi échanger entre eux et avec nos experts et consultants afin d’obtenir des éclairages sur leurs propres problématiques.
En organisant ce workshop, nous poursuivons en réalité un double but : apporter un décryptage approfondi sur le secteur de l’IoT et initier des sessions de co-création, la co-création étant au coeur du fonctionnement du DIL.
Pourriez-vous nous décrire l’évènement ?
Le workshop est bâti en deux parties :
– la matinée est un apport de connaissances sur ce secteur par des experts et praticiens du domaine. Thierry Rayna par exemple qui est un enseignant-chercheur et qui participe à des groupes de recherches internationaux dans le domaine de l’IoT (Internet of Things) apportera une vision globale et prospective. Des spécialistes de l’agence de design Waykup apporteront leur regard de praticiens. Marie Phliponeau apportera son décryptage d’anthropologue. Nous aurons aussi deux démos passionnantes : l’une par la société Citizen Sciences qui traitera de textiles connectés avec des applications dans le domaine de la santé, l’autre par Smartuino, un projet très en pointe issu du CEA permettant à tout un chacun de devenir un co-créateur de son écosystème domestique connecté par l’assemblage de connecteurs reliés.
– l’après-midi consistera à travailler avec des entreprises ayant des projets d’objets connectés afin de les aider à trouver des pistes concrètes. A noter que 15 jours avant le workshop un questionnaire sera adressé aux participants de la session de l’après-midi afin que ceux-ci puissent soumettre leur problématique à nos consultants / experts.
Le matin sera ainsi plus grand public alors que l’après-midi sera davantage dédié à des porteurs de projets.
Ressentez-vous un fort engouement de la part de start-up et des médias Français autour des objets connectés ?
Oui, l’engouement est très fort. Il se traduit notamment par plusieurs initiatives des pouvoirs publics : par exemple, les objets connectés font partie des 34 projets d’avenir, annoncés par le Président Hollande le 12 septembre dernier, visant à relancer l’industrie française. Ils ont également été retenus au coeur de plusieurs des 7 ambitions stratégiques sélectionnée par la commission « Innovation 2030 » dirigée par Anne Lauvergeon. Par ailleurs, le récent CES de Las Vegas a permis de mettre en vedette plusieurs startups françaises (comme notamment Citizen Sciences qui a reçu un prix d’innovation et qui sera présente à notre workshop), ce qui a en effet alimenté un certain buzz médiatique.
Au delà du buzz, l’engouement traduit selon moi deux types d’enjeux principaux pour les objets connectés :
– un enjeu économique évident. Selon Xerfi, rien que pour la santé et la maison le marché français des objets connectés atteindra 500 millions d’euros en 2016. Une étude de CISCO de 2013 prévoit qu’en 2020 les objets connectés représenteront un marché potentiel de 14 400 milliards de dollars.
– un enjeu sociétal : les objets connectés vont révolutionner de nombreux secteurs en induisant de nouveaux usages. Ils vont faciliter la vie quotidienne en apportant de nouveaux services, une simplification
On pourrait même parler d’une nouvelle dimension ontologique apportée par les objets connectés en ce sens qu’ils changent notre rapport à notre environnement. Les objets qui nous entourent, jusque là inanimés, ont presque une âme
Quel est l’objet connecté qui a suscité en vous le plus d’attention ?
Personnellement, je suis très séduit par les textiles connectés de Cityzen Sciences. Cette startup très prometteuse a notamment développé un T-shirt connecté intégrant des capteurs, et permettant de surveiller la santé et la fatigue de l’utilisateur. Le tissu intelligent peut détecter la chaleur du corps, le rythme respiratoire, le rythme cardiaque, et le mouvement par localisation via GPS.
Pour conclure cher Eric, quel serait votre mot de la fin pour nos lecteurs ?
On voit que les objets connectés sont extrêmement divers. Cela va des simples gadgets à des dispositifs sophistiqués répondant à des usages très novateurs et apportant une réelle valeur ajoutée dans de nombreux champs : celui de la santé ou de l’assistance aux personnes âgées par exemple. Les objets connectés peuvent aider à simplifier la vie, à rendre notre quotidien plus agréable. Mais faisons en sorte que les objets connectés soient utiles plus que futiles !
Propos recueillis par Laurent Amar