Brice Nadin : On va maintenant logiquement assister à une phase d’écrémage

Brice Nadin - Digital Consult

Brice Nadin – Digital Consult


Vous vous spécialisé dans les objets connectés, que retenez vous du marché actuel ?
J’ai pu constater lors du dernier CES que la phase d’innovation très forte que l’on connait depuis 2011 a atteint son paroxysme et s’est transformée en guerre marketing. Les acteurs désireux de tenter leur chance sont  désormais innombrables et se concurrencent vivement les uns les autres avec des produits très similaires dans des secteurs comme la domotique, le bien-être et le sport.  On va maintenant logiquement assister à une phase d’écrémage où beaucoup auront disparu dans les 2 ans ou seront rachetés. Si cette première phase a  permis l’éclosion de sociétés désormais bien installées comme  Withings ou Netatmo,  l’avenir  des objets connectés semble tout de même se profiler du côté des multinationales très structurées qui arrivent avec tout leur savoir faire industriel et leur notoriété (Samsung, Sony, Garmin, Nike…)et  avec des moyens tels que les startups  pourront difficilement lutter. C’est la raison pour laquelle les nouveaux entrants s’installent  désormais  sur des niches  comme la santé animale (Fitbark ou Petcube) où le Quantified Self pour les enfants (Slow Control ou Spoutling baby) secteurs très présents au CES et où les grands industriels ne sont pas (encore) présents.

Quel secteur est selon vous le plus mature ?

Le secteur de la santé connectée est pour moi le plus prometteur et avance à grand pas vers la maturité.  Il ne se base pas sur la mode actuelle du ” bidule tout connecté” mais permet  de répondre à des problèmes sociétaux majeurs comme l’explosion des coûts de santé dans les pays industrialisés. Le mobile via l’augmentation de la taille des écrans, des capacités de stockage et la sécurisation des données par la reconnaissance d’empreinte  y jouera un rôle fondamental. L’analyse massive des données de santé que l’on pourra récolter via les nouveaux capteurs internes où externes permettra de mieux connaitre certaines pathologies, de permettre des traitements préventifs et de réduire les coûts.

Les fabricants mondiaux de matériel électronique médical sont bien conscient du phénomène connecté. Ils étaient pour la plupart tous  présents au CES 2015 (Omron, Andon, Masimo, Visiomed)  avec des appareils adaptés au grand public et pilotés par des applications mobiles. Dans ce secteur les technologies existent déjà pour la plupart : l’enjeu est de les miniaturiser puis de les connecter à des smartphones. Les produits les plus divers sont désormais disponibles :  tensiomètre, pèse-personne, oxymètre de pouls, glucomètre, spectromètre …)

Concernant ce domaine, je crois beaucoup au développement du marché B2B et la vente de ces nouveaux devices  aux professionnels de santé et aux soignants qui les utiliseront dans leur pratique quotidienne notamment dans les pays émergents pour une utilisation auprès des populations isolées ne pouvant avoir accès à du matériel plus coûteux. C’est aussi ce que l’on constate dans des domaines connexes comme les lunettes de réalité augmentée où la robotique.  Les usages en milieu industriel ou médical y seront plus importants (robots chirurgiens, opérations de maintenance de machine outils) que pour le marché grand public où on assiste à un effet de mode qui s’estompe déjà avec les Google Glass par exemple que personne ne porte.

 

Tout le monde parle d’objets connectés mais est ce que le consommateur suit ?

Ce qui est sur c’est qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde. Les prévisions  des grands cabinets me semblent un peu optimistes (123 millions de wearables seraient vendus dans le monde selon les prévisions de l’Idate, contre 20 millions en 2014).

Lorsqu’on sait qu’un objet connecté  du quotidien coûte en moyenne 150 € et  que ce chiffre représente déjà un quart du budget annuel d’un ménage en équipements électroniques, il va falloir être pertinent sur la vrai utilité de ces objets au quotidien.

Pour moi les 2 secteurs où les objets connectés vont vraiment s’imposer sont la santé et la voiture connectée où l’interaction du véhicule avec son environnement répond à de réels besoins.

Les objets qui ont retenu votre attention récemment ?

Je suis avec attention ce qui se passe au niveau du Diabète qui est une maladie chronique où le quotidien des patients est très contraignant.

Dexcom, société US spécialisée dans les pompes à insuline et le suivi continu de la glycémie a dévoilé au CES un prototype de modèle (GEN5) compatible avec la future Apple Watch d’Apple et iOS8.

L’intérêt est de pouvoir mesurer sa glycémie en permanence (via une électrode placée au niveau du ventre) avec un échantillonnage plus fin que des piqûres au doigt et surtout de pouvoir lire, centraliser et partager ses mesures avec son médecin où ses parents (pour les enfants diabétiques) via le nouveau HealthKit d’Apple sur une montre connectée et accessible facilement.

Toujours dans le diabète, j’ai été séduit par Bee de la société Suisse Vigilant. Il s’agit d’un petit appareil connecté permettant cette fois de s’injecter la dose d’insuline correspondant à sa mesure glycémique.

Son originalité est qu’il vient se fixer sur les principaux stylos à insuline du marché comme Solostar de Sanofi. Couplé avec son application mobile dédiée en Bluetooth 4.0,  Bee enregistre les unités d’insuline injectées par le stylo pour les transmettre ensuite à un carnet de santé numérique partageable avec le professionnel de santé.

Enfin, dans le domaine de l’analyse faciale,  le français Smartmeup propose un logiciel d’analyse d’image sur les visages très prometteur.  Il est capable d’extraire une série d’informations sur l’individu et son comportement (estimation de l’âge sexe, de l’émotion, de la direction du regard etc…Les champs applicatifs sont nombreux. Couplé à des capteurs vidéo, Smartmeup est capable de prévenir le risque de somnolence du conducteur en voiture par exemple.

Enfin, pouvez-vous vous présenter

J’ai une expertise de plus de 16 ans dans la création de dispositifs web et mobiles. Je suis devenu consultant et chef d’entreprise fin 2011.

Ma société Digital Consult accompagne des grands comptes dans les technologies numériques innovantes en réalisant des études et des Benchmarks mais aussi des applications mobiles et des prototypes principalement dans le secteur de la santé connectée. Je me suis entouré pour cela d’une équipe d’experts (ergonome, designer mobile et industriel, architecte et développeur). Nous travaillons en étroite collaboration avec les propres équipes de nos clients avec un rôle d’accélérateur dans leur stratégie d’innovation.

 

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